Il existe de très nombreux arts divinatoires, qui ont façonné – au fil du temps – des communautés de voyants, et leurs adeptes. L’ensemble de ces techniques est associé à la prédiction non rationnelle de l’avenir, à la lecture du passé ou celle d’évènements cachés de l’existence. L’astragalomancie tire son nom, si l’on en examine son origine étymologique grecque, des mots αστραγαλος (astragalos ou osselet qui désigne un petit os dans la cheville humaine ou le tarse des pattes postérieures d’un ongulé) et μαντεία (mantéia, ou divination). Il s’agit donc d’une divination par la lecture des osselets. Son origine est très ancienne, et sa pratique a évolué au cours du temps. Vous trouverez ci-après les caractéristiques principales de l’astragalomancie : son histoire, sa signification, sa pratique.
Aux origines d’un art divinatoire
Depuis la Préhistoire…
On estime que la voyance utilisant des osselets remonte à la Préhistoire et qu’elle a traversé les siècles, en subissant des transformations pour parvenir à l’époque contemporaine, où sa pratique se base sur des dés. Les osselets sont présents dans des vestiges préhistoriques remontant à plus de de 40 000 ans. Ils s’apparentent alors, selon les sources, aux plus anciens outils de jeu utilisés par l’homme.
…jusqu’à l’Antiquité
Dans l’Antiquité, la divination des osselets sollicitait des os, mais également des coquilles de mer, des pierres ou encore des morceaux de bois. Les Égyptiens, puis les Grecs et les Romains ont employé cette méthode de voyance pour prédire l’avenir. Le principe se basait sur le jet de ces objets et l’interprétation du résultat, c’est-à-dire un avenir serein ou malheureux. Des peintures égyptiennes montrent déjà des pharaons en train de jouer avec des dés.
En tant que telle, il est difficile de déterminer avec précision l’origine de l’astragalomancie, car les indices historiques de sa pratique sont rares. Des traces d’usage permettent de penser qu’elle était pratiquée sous l’Antiquité gréco-romaine. Le principe est une lecture de l’avenir liée au jet des osselets, c’est-à-dire au hasard. L’utilisation d’os par des prédicateurs est encore d’actualité en Afrique, où on les lançait, initialement, sur un support avec les points cardinaux. Progressivement, on a remplacé les osselets par des dés.
Et ailleurs dans le Monde
La divination par les os est assez courante, anciennement et encore actuellement. Au Moyen-Âge, certains enseignements de l’Académie française étaient basés sur la lecture des dés. Comme nous l’avons vu, en Afrique, des tribus au sein desquelles évoluent un sorcier, ont recours à ce type de voyance, qui requiert de dés en bois ou des osselets marqués. L’hindouisme, sur le continent indien, a également recours aux dés pour des prédications : les dés sont fixés à une tige. En Europe centrale, les peuples tsiganes bohémiens ont toujours recours à la « divination des dés ». Enfin, en Asie, les prêtres bouddhistes et les moins tibétains utilisent des dés classiques dans la lecture de l’avenir.
Plusieurs ouvrages écrits par différents lamas tibétains traitent de l’interprétation du lancer de dés. Le Dalaï Lama utiliserait lui-même des « mo » pour l’aider à prendre une décision importante. Le « mo » est une boule de pâte dans laquelle a été placé un bout de papier sur lequel est écrit un choix possible, ou une réponse à une question. Les divinations tibétaines utilisent depuis très longtemps des « mo » pour guider une prise de décision.
Les grands principes
Lancer les osselets… ou les dés
Historiquement donc, l’astragalomancie est l’une des – si non la – plus anciennes méthodes de voyance humaine. Les hommes s’en remettent à des principes de fatalité ou de providence pour éclairer leur avenir. Le hasard prend donc ici une place prépondérante : il est la volonté d’une existence divine ou supérieure. Loin d’être chaotique, le hasard détermine le futur. L’osselet est initialement taillé par un homme, la position des osselets après les avoir jetés est interprétées par un voyant.
La prédication s’est affinée en remplaçant les osselets par des dés avec des chiffres. Chaque chiffre était lu en regard d’une lettre de l’alphabet, de sorte que la divination s’apparentait à une technique de numérologie. La finalité de l’astragalomancie reste, comme tout art divinatoire, d’orienter l’individu dans ses choix pour l’avenir. Au cours de la divination, le sujet doit être focalisé sur les questions qu’il adresse au voyant, ou à la voyante, pour obtenir des réponses précises.
Le dé, un objet lié au hasard
L’usage de dés dans le jeu est quasiment ubiquitaire dans les sociétés humaines : on les retrouve sur tous les continents, pour des activités divinatoires, commerciales ou ludiques. Son origine est débattue, voire inconnue. Vers la fin du 11ème siècle, les croisades voient des armées de l’Europe chrétienne s’engager dans des sièges militaires de places musulmanes, en Orient. Une garnison de soldats croisés mène une occupation au château de l’enclos de l’est en Syrie. Le siège se prolonge… et les croisés inventent un jeu avec des dés, qui prendra le nom du siège : El Azar, qui signifie dé en arabe, donnera le mot hasard, dans la langue française, ou alea en latin.
L’Antiquité et le Moyen-Âge ne s’en remettaient pas au hasard pour anticiper le futur, mais plutôt au destin des hommes, voulu par Dieu. Le dé est donc un objet dual : instrument de jeu dans un cas, support divinatoire dans l’autre. Dans les deux cas, il permet de s’en remettre au hasard, et de guider l’opérateur dans le choix d’une voie pour son propre avenir.
Jeter les dés et décrypter l’avenir
Toute méthode divinatoire se base sur un vecteur, qui permet au voyant – ou à la voyante – d’effectuer sa prédication. Marc de café, cartes de tarot ou pendule… les objets sont divers. En astragalomancie, on lit lorsque les dés sont jetés. C’est la qualité de l’interprétation qui qualifie le niveau de la voyance. On tire les dés à la main ou on place un ou deux dés dans un gobelet, ce qui permet de ne pas les manipuler à la main directement, et évite ainsi tous biais dans le lancement.
Dans tous les cas, une initiation est nécessaire pour comprendre et interpréter les dés. Il vous faudra donc vous accompagner d’un « astragalomancien » pour profiter pleinement d’une interprétation complète de la signification des dés. La pratique peut solliciter un ou deux dés. La lecture s’effectue à plusieurs niveaux : un seul dé, deux dés et leur somme, la position des dés par rapport à un cercle de tirage… Sur le plan technique, il existe donc des variantes de l’astragalomancie : nature et forme des dés, leur nombre de faces, la manière de les lancer, et le support au sol comme par exemple un cercle.
Lecture alphabétique
Le décryptage des dés – ou des osselets numérotés – se réalise selon une concordance simple entre chiffres et lettres. Globalement, on calcule la somme des deux dés, et on associe un chiffre à une ou des lettres. 1 pour A ; 2 pour E ; 3 pour I ; 4 pour O ; 5 pour U ; 6 pour B, P ou V ; 7 pour C, K ou Q ; 8 pour D ou T ; 9 pour F, S, X ou Z ; 10 pour G ou J ; 11 pour L, M ou N ; 12 pour R.
Chaque jet de dés doit correspondre à la réponse à une question. L’assemblage des lettres permet de proposer un décryptage, une interprétation des prédictions.
Avec un dé unique
Le jet d’un seul dé renvoie à des thématiques précises, prédéterminées selon un code lié aux émotions ou à la situation individuelle. Ainsi, 1 est lié à l’amour ou à la création ; 2 se rapporte au foyer et à la famille ; 3 renvoie à crainte et à la méfiance ; 4 engage le sujet à être patient et à éviter toute précipitation ; 5 fait référence à une question de chance ou d’argent, possiblement une opportunité financière et 6 annonce du positif, des changements dans l’avenir, mais en prenant toute précaution.
Avec deux dés
Si deux dés sont utilisés, alors en plus des chiffres de 1 à 6, on peut décrypter le sens des chiffres de 7 à 12. Ainsi, 7 incite à prendre confiance ; 8 invite à prendre du recul et réfléchir avant de prendre une décision ; 9 préconise de s’engager pleinement ; 10 propose de reformuler la question initiale ; 11 prédit un échec et 12 signale un écart de la voie tracée.
Au 21ème siècle : astragalomancie 3.0 ?
D’un passé ancien…
De nos jours, l’astragalomancie est une méthode divinatoire assez confidentielle. En effet, peu de voyants se réclament de cette méthode pour lire l’avenir, car les tarots ont en général supplanté les autres arts non rationnels de voyance. Cartes contre dés… nombreux sont celles et ceux qui s’en remettent aux cartes, réputées offrir plus de détails et de précision dans l’interprétation des situations futures. Et progressivement, le dé – plus qu’un objet de divination – est l’instrument obligé des jeux de hasard. Dans l’usage occidental, il a donc graduellement quitté sa fonction de vecteur de prédication, pour endosser un rôle résolument ludique. Le dé est probablement le plus ancien jeu dans les sociétés humaines.
… à un présent qui subsiste
Si la pratique de l’astragalomancie a tendance à s’éteindre dans les sociétés occidentales, d’autres ont toujours recours à cette technique de voyance, avec des spécificités locales. Ainsi, dans certaines régions africaines, et dans des sites endémiques (Europe centrale, Tibet, sociétés insulaires), l’utilisation de dés, d’osselets ou de coquillages pour lire l’avenir est encore en vigueur, dans des us et coutumes locaux, qui se transmettent sur des générations.
L’Astragalomancie, une forme particulière de voyance
L’astragalomancie tire donc son nom de l’astragale, un petit os du talon, dont la forme a inspiré l’osselet et le dé à quatre, puis six faces qui l’a remplacé. Cette technique de voyance correspond à une forme particulière de cléromancie, dont le principe repose sur un tirage au sort à partir d’objets jetés à terre. C’est donc un art divinatoire qui consiste à jeter des dés pour connaître l’avenir, par l’interprétation des chiffres.